L’Etat

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Quelques définitions pour commencer à délimiter nos réflexions et à faire une proposition sur une manière qu’aurait la philosophie de s’emparer de ce concept.

Etymologie: origine latine : status (action de se tenir, forme de gouvernement) de stare (se tenir debout, immobile).

Définition générale : Maniére d'être d'un gouvernement humain.
Autorité souveraine s'exerçant sur l'ensemble d'un peuple et d'un territoire déterminés.
Groupement humain fixé sur un territoire déterminé soumis à une même autorité et peuvent être considéré comme une personne morale.

Définition générale philosophique : Institution responsable du bien public (sécurité, prospérité, éducation, justice) sur un territoire déterminé. C’est aussi le lieu privilégié du pouvoir, celui-ci étant exercé par le gouvernement (ensemble d’élus dans une démocratie représentative par exemple et équipe administrative). Le gouvernement met en place une politique, c’est-à-dire la gestion du bien public.

Quelques précisions :

L’Etat qui est une institution, est une création humaine : il y a des sociétés sans Etat et des mouvements politiques qui refusent cette mise sous tutelle, privilégiant, la liberté, l’initiative individuelle ou de groupe restreint où chacun exerce son pouvoir de décision et d’action (les anarchistes par exemple  ne veulent pas l’absence de règles mais bien l’exercice de la responsabilité de chacun envers la gestion du bien public).

Cette institution à une existence juridique (constitution) et symbolique (drapeau, hymne).

La responsabilité de l’Etat est à la fois de faire respecter son autorité, mais aussi son objet : le bien public.

L’Etat n’a pas d’autorité hors de son territoire (pouvoir coercitif).

Synthèse :

Aussi nécessaire que soit la société, son organisation ne va pas de soi. Elle suppose des règles qui en assurent le fonctionnement. Dans le cas des sociétés primitives ses règles émanent de la collectivité et c’est la communauté tout entière qui veille à ce qu’elles soient respectées. L’état n’apparaît qu’avec l’émergence d’un organe du pouvoir politique séparé de la société, distinct du corps social. Situé au dessus des individus ou des groupes, il arbitre leurs différents ou règle les conditions de leur accord. Pour être efficace un tel pouvoir nécessite la possibilité d’utiliser la force. C’est pourquoi on a pu définir l’Etat comme le « monopole de la violence physique légitime ». L’Etat se présente en tout cas comme l’instrument nécessaire de l’ordre social, au service de l’intérêt de tous.

Le pouvoir politique est un pouvoir fort, il est capable de briser les résistances qu’on lui oppose. Il peut contenir lui-même un élément de violence. Son origine est problématique. C’est pourquoi les doctrines réalistes mettent hors jeu la question de son origine. Elles le traitent comme un fait accompli, quelle qu’en soit la source, conquête ou usurpation. Le pouvoir politique est nécessaire, sa stabilité suffit à le justifier. Aussi irrationnels que soient les motifs pour lesquels les hommes acceptent le pouvoir établi, l’obéissance est selon Pascal raisonnable.

La question de la légitimité du pouvoir n’est pas résolue. Des philosophes comme Spinoza, Locke ou Rousseau refuse de fonder ce pourvoir et donc le droit qui en découle sur le fait. Ils veulent à partir des prémisses du droit fonder l’Etat et par conséquent sa légitimité. Les hommes sont libres et égaux en droits par conséquent aucun pourvoir ne peut exister sans leurs consentements. Ce consentement étant le renoncement d’agir de son propre chef (droit naturel). Ce pacte ou ce contrat constitue une communauté juridique ou un Etat de droit.
Cet Etat de droit à le pouvoir politique qui a pour moyen la contrainte, mais il doit avoir pour fin si il est légitime, la sûreté et la liberté des individus (Locke).

Il est important d’étudier les limites de l’Etat en terme de pouvoir. Si l’individu renonce volontairement à certains droits pour devenir un citoyen, il n’en reste pas moins un homme avec des droits. Par exemple les citoyens ne doivent obéissance à l’Etat que si celui-ci respecte ses devoirs. Si l’Etat abuse du pouvoir qui lui est confié ou le détourne à son profit, le contrat est rompu et la résistance devient en retour un droit.
Les droits de l’homme sont antérieurs au contrat social et nul Etat n’est légitime s’il ne les respecte pas, fusse au nom de l’intérêt collectif.

Rousseau s’est efforcé de penser la liberté comme constituant l’essence même de l’Etat. Parce qu’il est souverain et que l’Etat est l’expression de la volonté générale, le peuple en obéissant n’obéit pourtant qu’à lui-même. Autrement dit, c’est dans et par l’obéissance aux lois que les hommes sont véritablement libres, c’est-à-dire soumis à leur volonté propre et non à la volonté étrangère de simple particulier. L’Etat à non seulement pour fin la liberté des individus, mais c’est à travers lui que se fonde la souveraineté populaire et par conséquent la démocratie.

L’Etat est, chez Rousseau, ce par quoi l’humanité s’arrache à la brutalité animale et accède à la rationalité et la moralité. Hegel, estime que c’est pour les individus « le plus haut devoir d’être membres de l’Etat ». C’est par leur appartenance à l ‘Etat que les individus peuvent quitter le point de vue limité de leurs intérêts privés.

Le Marxisme rejettera une telle conception de l’Etat. Il conteste la transcendance de l’Etat par rapport à la société. Le rôle d’arbitre de l’Etat est illusoire, il est partie prenante dans les conflits sociaux. Il est au service de la classe dominante. L’Etat représente une communauté illusoire. Les conflits sociaux sont une résistance vers la communauté illusoire mais dominante que l’Etat prétend incarner.

Les sociétés primitives apportent la preuve de l’inutilité de l’Etat. Là ou il y a une communauté véritable, il n’y a pas besoin d’Etat. La théorie Marxiste conteste l’indépendance de l’Etat à l’égard des rapports sociaux de production, elle conclut à la légitimité et à la nécessité d’une prise en charge par l’Etat de l’activité économique et de la gestion sociale. Cet Etat est en suite amené à disparaître dans une société unifié et sans classes.

Les anarchistes eux réclament l’abolition immédiate de l’Etat. Cette doctrine met l’accent sur le mal dont tout pouvoir politique est nécessairement affecté : la tendance à l’appropriation de la souveraineté ou abus de pouvoir. Ce pouvoir est en effet toujours délégué par conséquent son origine, fût-elle populaire, et son exercice sont toujours dissociés. Cette confiscation de la souveraineté est parfois aggravée si le pouvoir étatique s’étend sur l’ensemble des activités économiques et sociales.

Malgré leurs divergences le Marxisme et l’anarchisme se rejoignent sur certains point. Il nit tous les deux la transcendance de l’Etat, la Marxisme en fait un simple organe de la société. Il rejette l’autonomie du politique sur le social. Cette organisation peut se comprendre dans une société transformée en communauté sans conflit et homogène.

L’idée même de la démocratie repose sur la notion d’intérêt général, elle suppose donc une communauté entre les membres d’une société. L’idéal communiste ou communautaire, loin de trahir la démocratie en accomplirait la nature véritable. Tocqueville nous met en garde contre le danger éventuel d’une démocratie, même libérale, envers les libertés individuelles. Fondé sur le principe de l’égalité, la démocratie engendrerait l’uniformité.
Mais l’on peut aussi penser que le propre d’une démocratie est d’entendre les différences et de réaliser le contre-pouvoir. Instituer un pouvoir politique distinct de la société, c’est écarter la possibilité pour l’Etat d’incarner la société dans sa totalité.

La question des limites possibles ou souhaitables du pouvoir de l’Etat reste posée. C’est-à-dire la légitimité d’une distinction entre le domaine public ou privé.